2016, encore un bon millésime

La Comédie innove et le nouveau Millésime genevois aussi. Traditionnellement, le début mai est la période de la présentation des excellents crus d’une région viticole, la genevoise, qui est la troisième du pays après les cantons de Vaud et du Valais.

Le canton de Genève détient 1400 hectares de vignobles, un chiffre considérable. Et ses vins sont de plus en plus qualitatifs. Chardonnay, Chasselas, Gamaret, Gamay, Garanoir, Gewüztramminer, Merlot, Pinot Gris, Pinot Meunier, Pinot Noir, Sauvignon Blanc sont les gloires d’un canton très créatif au niveau des cépages, mais dont la créativité reste toujours très contrôlée. «Cette année, la traditionnelle journée de présentation du nouveau millésime innove», a indiqué Luc Barthassat conseiller d’Etat en charge du département de l’environnement, des transports et de l’agriculture. Car les deux parrains du millésime sont Natacha Koutchoumov et Denis Maillefer, récemment nommés à la direction de la Nouvelle Comédie de Genève, celle qui ouvrira aux Eaux-Vives.   

Ivresse et délire
Denis Maillefer, en tant qu’ancien directeur du Théâtre les Halles (THL) de Sierre, y a fait notamment une expérience de barman. «Un jour, j’ai décidé de servir un vin Vaudois», se souvient-il. «Les spectateurs valaisans, évidemment, n’y ont pas touché. En revanche, les vignerons oui, par curiosité». Quant à Natacha Kouchoumov, elle a fait le parallèle entre le théâtre et le vignoble: au départ, le théâtre était consacré à Dionysos (Bacchus), le dieu du vin. Le délire sacré venu de l’ivresse, on le retrouve sur une scène. La codirectrice de la Comédie a également pensé à faire un lien avec le terroir, en organisant un marché des produits locaux.
Le parrain et la marraine du millésime semblent de vrais spécialistes en la matière. Luc Barthassat n’a donc rien à craindre: les futurs spectacles de la Comédie de Genève seront proches du peuple. Et de défendre son département et l’agriculture genevoise, en accord avec les autres cantons. «Même si la mobilisation est retombée, suite aux récentes élections valaisannes et vaudoises», constatait-il. «La volonté de Genève et de l’Opage (Office de promotion des produits agricoles de Genève) restera ferme dans sa mise en avant des produits régionaux». 

Le conseiller aux Etats Robert Cramer, président de l’interprofession du vignoble et des vins de Genève, a fait le point sur la question du millésime 2016: «il aura du caractère. Il est sorti sans problème d’un hiver assez doux. Puis un printemps pluvieux a fait craindre pour le champignon. Il y a eu également un peu de gel. Mais à partir de la mi-juillet, le beau temps s’est installé. Et dès lors, c’était parti pour un beau millésime avec du caractère». 

Record de gel
En revanche, cette année 2017 s’annonce mal. Les vignerons-encaveurs présents à la Comédie faisaient grise mine. Près de 50% de la récolte aurait été perdue à cause du gel et elle sera difficilement rattrapable. Les vignerons pourront encore s’appuyer sur l’abondante et très bonne récolte de 2016. En revanche, il sera plus difficile de vendre du vin en 2018. Il va en manquer. Des problèmes économiques s’annoncent pour les gens de la profession.

Pascal Claivaz