L’Office neuchâtelois des vins et des produits du terroir (OVPT) a présenté au public son fameux chasselas non filtré le 21 janvier à Neuchâtel et le lendemain à la Chaux-de-fonds. Apprécié dans tout le canton depuis 40 ans, sa présentation fait toujours l’événement.
Premier vin suisse de l’année, le Neuchâtel non filtré 2014 a été présenté à la presse le 20 janvier à la cave coopérative de la Béroche, en présence de trois représentants de confréries bachiques locales. Spécialité créée un peu par hasard en 1975, le Non filtré charme les palais par sa couleur trouble et ses arômes. «Il plait pour sa folle fraîcheur», avance Violaine Blétry-de-Montmollin, nouvelle directrice de l’OVPT. Il y a 40 ans, le vigneron Henri-Alexandre Godet en avait tiré quelque 300 bouteilles. Désormais, le Non filtré fait figure d’ambassadeur des vins blancs neuchâtelois. Il représente environ 10% de la production de Chasselas du canton, c’est-à-dire près de 140 000 bouteilles. L’arrêté du Conseil d’état du 30 novembre 2009 a fixé une présentation en deux temps, le troisième mercredi du mois de janvier dans le chef-lieu du canton. Ainsi, le 21 janvier, la trentaine d’encaveurs qui en produit a présenté leur cru dans une ambiance festive et conviviale à près de 1500 personnes à l’Hôtel-de-ville de Neuchâtel, puis à 500 amateurs, le lendemain à la salle Ton-sur-ton, de La Chaux-de-fonds.
Michaël Loubry, œnologue pour les Caves de la Béroche, observe que le vin a un nez complexe et riche, en notes de fruits mûrs, d’agrumes et de lys blanc, comme il peut être exubérant et charmeur avec du fruit de la passion et du pamplemousse. En bouche, il est frais, avec des arômes de pomme fraîchement coupée et d’agrumes chauffés par le soleil. «C’est un vin qui évolue, qui est donc intéressant à décrire».
Deux anniversaires et des perspectives
L’OVPT a choisi de mettre en avant cette année les Caves de la Béroche, dont les coteaux s’étendent sur 35 ha, cela pour en souligner le 80e anniversaire. Caleb Grob, le directeur, était fier de présenter une édition spéciale. L’étiquette du millésime 2014 est un clin d’œil vintage à la première édition. En expert, il confirme que la spécialité neuchâteloise est un vin à part entière. «Ce n’est pas un vin primeur, il n’a rien à voir avec un Beaujolais. Au contraire, c’est un vin fini, exempt d’acidité, parce qu’il a fermenté deux fois». La particularité de la Béroche, aux coteaux étendus entre les Châteaux de Gorgier et Vaumarcus, est de compter un vin biologique depuis 1992, celui du domaine des Coccinelles, labellisé par le Bourgeon Biosuisse.
Le canton de Neuchâtel et ses environs représentent près de 80% du marché. Il se retrouve tout naturellement sur les tables des restaurants de la région de janvier à mars. Marc Strebel, chef de la Maison du village, à Sauges, le propose suivant les années à l’apéritif, avec un poisson du lac. «L’an dernier, nous avions fait un accord avec un dessert», sourit-il. Marc Strebel est convaincu par le potentiel de ce vin au caractère typé: «Il mérite d’être gardé». La Suisse romande et le Tessin en écoulent généralement 10%, il rencontre un succès croissant en Suisse alémanique. «Le Non filtré est un vin à expliquer, dit Violaine Blétry-de-Montmollin. Il se marie très bien avec les mets exotiques». D’ailleurs, singularité supplémentaire de ce philtre troublant, 3000 bouteilles sont parties cette année au Japon à l’initiative de Nicolas Ruedin, viticulteur de Cressier.
Outre le Non filtré, l’OVPT axera ses efforts sur la promotion de ses deux spécialités en vin rouge, l’Œil-de-perdrix et le Pinot noir. «Certaines caves de la région font particulièrement bien la promotion de ce premier vin de l’année», se réjouit Violaine Blétry-de-Montmollin. Les touristes en sont férus, mais pas question de déguster le Non filtré avant la date arrêtée. Aucun restaurateur n’est du reste livré avant le troisième mercredi du mois, tradition oblige.
Benjamin Philippe