C’est là que Pascale Bessire, une Bretonne pure sucre, a jeté l’ancre, il y a dix-sept ans. Elle était venue initialement en Suisse pour y ouvrir une entreprise d’informatique. Faute de succès dans le numérique, elle s’est lancée dans la crêpe bretonne. Bien lui en a pris : le succès de son établissement, Entre Terre & Mer, dépasse désormais ses rêves les plus déraisonnables.
« C’est vrai ! On vient chez nous de très loin. Récemment des amis d’ici se sont rendus à Saint-Pétersbourg, en Russie. Il y ont croisé des compatriotes qui leur ont demandé d’où ils venaient. Lorsqu’ils ont leur ont répondu qu’ils étaient de Rue, ils leur ont dit : « Ah oui ! c’est là où il y a ces fameuses crêpes »! Pascale Bessire rit de bon cœur en constatant : « On parle de nous, même à Saint-Pétersbourg ».
Un établissement « bizarre »
L’endroit pourtant est singulier, voire « bizarre », de l’aveu-même de sa fondatrice : « Le décor est très particulier (ndlr : il fleure bon le grand large) ; il faut écrire sa commande soi-même ; il n’y a pas de vin, pas de pain, pas de salade… Mais le cidre nous vient de Bretagne. Quant au beurre, il est fabriqué à côté, à la laiterie d’Ursy, mais il est produit et salé suivant nos critères, strictement bretons. Quant à la pâte, elle est faite chez nous. Une légende prétend que je tiens la recette de ma grand-mère. Mais c’est faux ! En revanche la pâte pour les crêpes sucrées correspond bien aux goûts de mon enfance ».
Une vertigineuse diversité
La carte de l’établissement donne le vertige par sa richesse et sa variété : une cinquantaine de galettes à base de pâte de sarrasin, salée, ne contenant pas de lait ; à quoi il faut ajouter une trentaine de crêpes faites de pâte de froment, sucrée, parfumée avec du lait et des œufs. Les compositions et les ingrédients sont autant de découvertes et chaque dégustation impose le silence, à part peut-être un murmure de plaisir, suivi d’un soupir de contentement. On voudrait goûter à tout, mais les portions sont roboratives et nous prive de cette tentation. À moins de commander des portions «mini» pour se délecter, un peu plus, de la diversité offerte.
Une troupe de sept crêpières, bienveillantes et attentives, accompagnent Pascale Bessire dans ses œuvres. L’une d’elle a confié : « La pandémie ne nous a pas touché. Jamais nous n’avons eu autant de clients que cet été. Parfois c’était même trop ! ».
Georges Pop