Au XVe siècle, dans le canton de Fribourg, apparaît une fête, la benission. Célébrée le jour de la dédicace de l’église paroissiale dans chaque paroisse du canton, elle était souvent l’occasion de grandes réjouissances.
Des réjouissances qui ne faisaient pas l’unanimité car souvent elles finissaient dans le sang. C’est pourquoi les autorités ont déplacé ces fêtes de village qui désormais se déroulent le deuxième dimanche d’octobre dans les districts de la Gruyère et de la Veveyse. Ce ne sont plus les fêtes de l’église; ce sont celles des récoltes et de la descente des troupeaux de l’alpage. Danses et musique égayent cette fête où le petit «blanc vaudois» est également de la partie.
Un repas pour célébrer la désalpe
Et qui dit fête dit bien évidemment repas. Un repas qui figure lui aussi dans la tradition et qui se compose de… 11 portées! Il faut avoir l’estomac bien accroché pour survivre à ces agapes pantagruéliques! Parmi les plats qui les composent, se trouve la fameuse moutarde de Bénichon et son inséparable cuchaule, pâtisserie originaire de Fribourg. Les deux se dégustent ensemble. C’est un bon moyen de faire patienter les convives en attendant les retardataires.
La moutarde de Bénichon est produite dans toute la partie romande du canton de Fribourg et sa fabrication s’étale sur deux jours. Le premier sert à faire macérer la moutarde dans le vin blanc tandis que le jour suivant est utilisé pour faire cuire l’eau, l’anis étoilé, la cannelle en bâtons et le sucre candi. Le tout durant quinze minutes. Il faut ensuite délayer la farine dans le vin cuit la veille puis passer le jus de cuisson des épices. Ensuite on ajoute le mélange de farine et de vin cuit et on fait cuire en remuant jusqu’à ce que le mélange ait la consistance d’une gelée. Le goût de farine doit avoir disparu dans l’entretemps. Pour bien faire les choses, il faut encore ajouter le mélange de moutarde et de vin blanc. Sans oublier de retirer le tout aux premiers signes d’ébullition. Sinon gare! Avant de conditionner le tout dans des pots, il faut laisser refroidir.
Après la cuchaule accompagnée de beurre et de sa moutarde de Bénichon sont servis ensuite le bouillon et le bouilli de bœuf. Puis vient le ragoût d’agneau aux raisins accompagné de purée de pommes de terre et de poires. Vient le tour du jambon et du saucisson, accompagnés de choux et de haricots. Puis le gigot d’agneau à l’ail et sa purée de pommes de terre avec une salade aux carottes rouges. Pour le dessert, on sert de la crème double, en baquet bien sûr, accompagnée de savoureuses meringues ainsi que des beignets de Bénichon, des bricelets, des pains d’anis, des croquets et des cuquettes, ces pâtisseries rondes à base de pâte feuilletée.
Lionel Marquis