Sur le site néolithique de Göbekli Tepe, situé dans le sud de l’actuelle Turquie, une équipe d’archéologues a récemment découvert d’énormes cuves de pierre datant du Xe et du IXe millénaire av. J.-C. Au fond de ces récipients, ils ont identifié des traces d’oxalate de calcium, un sous-produit du brassage des céréales. Ils en ont conclu que ce site était une sorte de temple où les hommes préhistoriques venaient honorer leurs divinités en s’enivrant de bière. Selon certains paléontologues, à l’origine, nos lointains ancêtres ne seraient pas devenus agriculteurs pour se nourrir, mais pour se gorger de bière et se saouler lors de cérémonies rituelles.
Du blé rouge et de l’orge
De quand date l’invention de la bière ? Nul ne le sait, même si elle est certainement très antérieure au site de Göbekli Tepe. Seule certitude : les premières traces historiquement avérées de son existence remontent à environ 4000 ans avant J.-C., en Mésopotamie, des tables d’argile témoignant de l’existence d’une boisson fermentée, brassée à partir de galettes de blé rouge et d’orge germé, cuites au four puis mises à fermenter dans des jarres d’eau. On parfumait cette boisson en y ajoutant des dattes et du miel. Les Égyptiens, quant à eux, fabriquaient une boisson alcoolisée à partir de céréales. Cette activité brassicole est décrite dans des fresques ornant les tombes de hauts fonctionnaires.
Au Moyen Âge, les moines améliorèrent les techniques de fabrication et d’aromatisation de la bière en découvrant les vertus du houblon dont ils développèrent la culture en Europe. C’est également à eux que l’on doit l’invention de la fermentation basse. Avec l’introduction du thermomètre en 1760, puis de l’hydromètre, une décennie plus tard, le cycle de production du brassage devint de plus en plus efficace, favorisant ainsi la diffusion massive de cette boisson. À la fin du XIXe siècle, les travaux de Louis Pasteur contribuèrent à améliorer davantage encore les techniques de brassage en expliquant le rôle des levures et en préconisant une élévation de la température pour éliminer des germes contenus dans la bière.
Tchèques et Allemands en tête
De nos jours, les plus grands consommateurs de bière sont les Tchèques avec 148 litres par an et par habitant. Ils sont suivis par les Allemands avec 107 litres. En Suisse la consommation moyenne annuelle de bière par habitant oscille entre 55 et 58 litres par année. Les deux bières les plus consommées au monde sont la Snow, une lager chinoise, et la Bud light de Budweiser brassée par la société Anheuser-Busch dans la ville de Saint-Louis, aux États-Unis. À elles deux, ces bières dépassent les 200 millions d’hectolitres vendus pas an.
La Chronique de Georges Pop