Les aliments sains ont-ils bon goût? Faut-il à tout prix devenir végétarien? Les préparations peuvent-elles être délicieuses et apporter une plus-value nutritive? Pour pronostiquer l’issue du match plaisir vs. santé, nous sommes sortis des sentiers battus.
Changer d’alimentation pour rester en bonne santé est une préoccupation de notre temps. L’épidémie de diabète, les scandales alimentaires successifs du monde moderne vont-ils amener les gens à une prise de conscience plus globale?
Le fait de changer de régime alimentaire, par idéologie ou induit par une problématique médicale, questionne clairement notre relation aux aliments que nous ingérons. L’envie de se passer de viande, de manger bio et local ne sont pas que des tendances. Les raisons d’un changement de comportement alimentaire sont multiples. Visionnage d’un reportage sur la réalité des conditions d’élevage non respectueuses des animaux… Ou sur les moyens de production industriels d’aliments pervertis, parfois même toxiques, que nous croisons pourtant au quotidien. Le changement peut également suivre un éveil à des courants de pensée ou à des traditions qui lient l’alimentation à la santé, telles que l’Ayurveda. Au final, s’alimenter plus sainement demeure un choix lié à des motivations fort personnelles.
Réapprendre à manger
Végétarien? Végétalien? Crudivore? les tendances «in» ne manquent pas. La transition, quant à elle, peut lever des lièvres inattendus! Certains légumes forts peuvent être compliqués à accommoder pour le particulier. Des denrées riches en protéines comme les légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots) et leur saveur astringente, voire pâteuse, pourrait aussi repousser les novices les plus motivés. Ajouter une composante gustative agréable, plus ou moins exotique ou ajouter des légumes alliés parfumés leur donnera une touche savoureuse et fondante et permettra d’allier le bon et le sain. Les restaurateurs créatifs sont les acteurs du changement!
Comme le goût s’éduque tôt, la légumineuse, aliment du futur, titillera la créativité des écoliers dans le cadre du traditionnel concours de dessin organisé lors de la Semaine du goût. L’éducation au goût est d’une importance capitale: pas question d’évoquer le clivage socio-économique ou culturel, car ce n’est pas une affaire de prix. Les produits bruts du producteur local et faits maison sont parfois moins chers que les plats préparés (importés pour la plupart) et contiennent davantage de nutriments. «Le but de la nourriture n’est pas d’être la moins chère, mais qu’elle nous nourrisse véritablement pour faire du bien au ventre et à la tête!» affirme Josef Zisyadis, directeur de la Semaine suisse du Goût. «Ce n’est pas compliqué d’aller chercher les producteurs, il suffit de prendre le temps de les découvrir et de développer des relations personnelles». Il s’agirait alors davantage de revoir nos croyances au sujet de l’alimentation et de réviser notre relation à elle, de la rendre plus organique, en quelque sorte. Et de toucher les aliments, les préparer avec attention dans une optique de partage, tant avec les producteurs et éleveurs locaux qu’avec notre clientèle et notre famille.
Sandy Métrailler