La Suisse importe chaque année quelque 200 tonnes de foie gras alors que la production de ce mets est interdite dans notre pays depuis plus de 40 ans. Une aberration pour Alliance Animale Suisse qui a déposé en décembre dernier une initiative visant à interdire l’importation de ce produit. La motivation des initiants ? « La méthode utilisée pour le gavage, dans laquelle un tube ou un tuyau métallique est inséré dans l’œsophage plusieurs fois par jour, entraîne des blessures douloureuses. Le cou des animaux peut aussi être perforé et leurs ailes cassées. L’augmentation anormalement rapide de la taille du foie comprime les poumons et provoque des problèmes respiratoires, rénaux et circulatoires. Le gavage est considéré en Suisse comme une pratique cruelle envers les animaux. »
Pour Alliance Animale Suisse, une interdiction d’importation de foie gras et de produits à base de foie gras est compatible avec les obligations commerciales internationales de la Suisse : tous les accords prévoient des exceptions pour les mesures nécessaires à la protection de la morale publique et de la vie ou de la santé des animaux. Par exemple, les interdictions d’importation de fourrure de phoque, de chien et de chat sont déjà inscrites dans la loi. Par ailleurs, l’initiative ne vise que l’interdiction des produits issus du gavage forcé des animaux. Les produits similaires au foie gras, mais qui n’ont pas nécessité de gavage, pourront toujours être commercialisés en Suisse.
Déclarations obligatoires
Le Conseil fédéral ne souhaite pas l’inscription de l’interdiction de l’importation du foie gras dans la Constitution. Il propose de passer par des déclarations obligatoires sur les emballages, mentionnant les modes de production.
Des déclarations obligatoires sont prévues dans trois domaines. Premièrement, pour les produits d’origine animale obtenus sans anesthésie comme les cuisses de grenouilles. Deuxièmement, pour les produits issus du gavage des oies et des canards. Troisièmement, pour les denrées alimentaires d’origine végétale si elles proviennent de pays où sont utilisés des produits phytosanitaires classés comme particulièrement dangereux au niveau international. Finalement, ce sera au peuple de trancher, en 2025.