Boix peint

 

Anticonformiste, Carlos Boix se situe en dehors des tendances. Sa peinture exubérante et joyeuse est intimement liée à Cuba et à la Havane où il est né. Représentant de la nouvelle peinture cubaine, il mêle surréalisme, humour et  couleurs vives. L’artiste prolifique a désormais installé à son atelier à Genève dans le quartier de la Jonction. Portrait d’un artiste solaire et joyeux. 

La peinture est entrée dans sa vie très tôt. Ou plutôt, il est tombé dedans comme dans une potion magique. Enfant, il s’est retrouvé hospitalisé. Là, il reçoit la visite d’artistes et peintres ainsi que d’un cousin imprimeur-libraire qui lui apporte des livres d’art. Carlos Boix découvre le surréalisme avec le peintre chilien Roberto Matta et le peintre et écrivain espagnol Antonio Saura. Ses amis l’encouragent, c’est ainsi qu’il commence à peindre dès l’âge de huit ans. «À 15 ans, j’ai vendu mon premier tableau pour 100 pesos et fait ma première exposition à La Havane» raconte l’artiste. La thématique lui importe peu, car tout l’inspire et les couleurs ne sont qu’un prétexte. Son œuvre relève à la fois d’un big-bang visuel et d’un pop-art facétieux et exubérant, comme dans le tableau «Mona Lisa», où il opère une sorte de transmutation entre l’icône Mona Lisa et Che Guevara. Peu académique, un peu provocateur, Carlos Boix fut expulsé de deux écoles de La Havane. Curieux, il s’intéresse à tout: poésie, littérature, photo, science, gastronomie. Il aime beaucoup la peinture primitive catalane, mais aussi Gaudi, qui l’a fort impressionné. Sa culture est très urbaine, il s’est inspiré des journaux, des publicités et de thèmes plus politiques liés à Cuba. Mais aussi des hiéroglyphes et des Codex Maya.

Et le style?
«J’ai trouvé tout de suite mon style, notamment les points, que l’on retrouve nombreux sur mes toiles. En vérité, contrairement à ce que l’on pense, cela n’est pas dû à une influence du pointillisme mais directement inspiré des broderies que faisait ma mère sur les tissus, créant ainsi des petits points» explique l’artiste.
Boix se définit comme un peintre universel, malgré toute la charge émotionnelle de son cordon ombilical cubain et affirme pouvoir peindre n’importe où, en vrai caméléon insulaire. Genève et son calme lui conviennent bien et même s’il a vécu un peu partout, notamment à Paris, à Stockholm, ou en Espagne, son vrai lieu de vie, c’est son atelier. Il évoque aussi son amitié avec le grand chef Philippe Chevrier qui est devenu un collectionneur enthousiaste du maître cubain, notamment dans son restaurant du centre-ville de Genève «Chez Philippe». L’artiste ajoute: «L’inspiration, c’est d’abord du travail, je dois transpirer avec la toile…». Et s’il n’avait pas été peintre, qu’aurait fait Carlos Boix?
«J’aurais été mafieux, ou pilote. J’ai choisi le métier le moins dangereux» répond l’artiste, malicieux.

Nathalie Brignoli