Le 15 octobre dernier s’est déroulée à Milan la grande finale de la désormais célèbre compétition San Pellegrino Young Chef 2016.
Ils étaient venus; ils étaient tous là. Ou presque. Professionnels, journalistes et Chefs du monde entier, pour les deux jours d’épreuves intenses au terme desquelles devait se dessiner le profil du vainqueur de cette deuxième édition du San Pellegrino Young Chef 2016.
Un vainqueur extra-européen
A l’issue d’une demi-finale qui a vu s’affronter vingt jeunes chefs prometteurs et d’où trois concurrents ont émergé: Shintaro Awa pour la France, David Andrés Morera, représentant l’Espagne et le Portugal et Mitch Lienhard, représentant les Etats-Unis, seul état hors-Europe encore en lice. Pour juger ces trois valeureux, un jury composé de sept personnalités a siégé d’interminables heures: Gaggan Anand (Gaggan Restaurant, Thaïlande, ouvert en 2010 et considéré depuis 2015 comme un des 50 meilleurs restaurants d’Asie), Elena Arzak (nommée en 2012 meilleur chef féminin du monde), Mauro Colagreco (restaurant Mirazur, Menton; 2 étoiles Michelin en 2012), Carlo Cracco (son restaurant à Milan a reçu 2 étoiles Michelin et il est considéré comme l’un des meilleurs chefs de la haute cuisine italienne), David Higgs (restaurant Five Hundred à Johannesbourg), Wylie Dufresne (considéré aux Etats-Unis comme un des meilleurs chefs modernistes couronné par la James Beard Foundation en 2013) et Roberta Sudbrack (a ouvert son propre restaurant à Rio en 2008 après avoir travaillé dans les cuisines du président brésilien sans parvenir à s’enrichir et fut reconnue en 2015 comme la meilleure chef féminine d’Amérique Latine). Leur choix s’est basé sur l’évaluation minutieuse des cinq «Règles d’Or» du concours: les ingrédients, les compétences, le talent, l’esthétique et le message. Au vu des excellents travaux des demi-finalistes, il ne lui a pas été facile de déterminer le vainqueur. Après plusieurs heures de délibération, c’est finalement le jeune américain, Mitch Lienhard qui a été sacré meilleur S. Pellegrino Young Chef du monde pour 2016 pour son plat-signature, le «canard rôti, oranges épicées et patates douces», réalisé avec les conseils avisés de son mentor la bretonne Dominique Crenn, couronnée en 2016 meilleure femme au monde; une récompense attribuée par les World’s 50 Best Award. Elle a effectué une partie de ses classes aux Etats-Unis.
Un concours international
C’est donc dans la capitale lombarde que se sont donnés rendez-vous les 20 compétiteurs (dix finalistes et leur dix mentor) représentants les régions du monde encore en compétition et sélectionnés avec rigueur par l’ALMA, le centre de formation de la cuisine italienne au niveau international: Bénélux, avec le chef italien Andrea Miacola accompagné de son mentor David Martin; Shintaro Awa, qui comme son nom ne l’indique pas, représentait la France, assisté de Yannick Alleno. Il sera l’un des trois finalistes. Le troisième semi-finaliste, Karlheinz Hauser, représentait l’Allemagne et l’Autriche. Le 4e demi-finaliste représentait les pays méditerranéens et ils étaient défendus par Nicolaos Billis et son mentor Olivier Campanha. Nikolas Schmidt Skadborg et Christian Puglisi défendaient les couleurs de la Scandinavie, tandis que l’Empire du Soleil Levant comptait sur la prestation de la paire formée par Seira Furuya et Yoshihiro Narisawa. Etaient également présents Rodrigo Sandor assisté de Adi Hadean pour représenter l’Europe de l’Est; Davis Andres et son mentor Andoni Luis Aduriz représentaient l’Espagne et le Portugal et seront présents pour la finale. L’aire Pacifique était défendue par l’Australien Peter Gilmore et Leslie Hottiaux. Enfin la Russie et les Etats baltes avaient pour représentant Hezret Berdiev et son mentor Vladimir Mukhin.
Une représentante féminine pour la Suisse
Et la Suisse dans tout cela? Elle était représentée par Anne-Sophie Taurines qui avait remporté en juin la finale helvétique à Zürich. La cheffe du restaurant «L’Etoile Rouge Supper Club» de Verbier et son mentor André Jaeger n’ont malheureusement pas réussi à se qualifier pour la finale malgré un plat de grande qualité, un «saumon fumé au foin et mariné, légumes du potager, roquette, pomme verte, sauce au gingembre et condiments» qui, malgré sa grande qualité, n’a pas convaincu totalement le jury.
Et comme le veut la tradition, la remise des prix a été suivie d’un dîner de gala signé Massimo Bottura, chef de l’Osteria Francescana à Modène.
Lionel Marquis