De l’huile de friture dans votre moteur

Leman Bio Energie est une entreprise lémanique qui transforme les huiles de fritures usagées récupérées en carburant pour véhicules diesel. Elle collecte cette matière première auprès d’un millier de restaurants.  

Depuis deux ans, cinq entreprises suisses transforment les huiles de fritures usagées en biodiesel aux normes standardisées. Cette extraordinaire conversion reste encore peu connue dans notre région. L’une de ces entreprises est Leman Bio Energie, filiale d’Helvetia Environnement. Nous avons demandé à son président Jean-Pierre Passerat de nous présenter ce marché. «La Suisse produit du biodiesel», constate-t-il. «Mais le besoin du marché est bien plus vaste. La demande helvétique est de 80 millions de litres de biodiesel…»

Circuit court

Les cinq fabricants suisses comme Leman Bio Energie produisent environ 12 millions de litres de biodiesel. Ils ont donc encore une considérable marge de progression. Mais il existe une grosse concurrence, qui vient de l’étranger. Apparemment la matière première huile de friture est très demandée.
Pour contrer la concurrence étrangère, Jean-Pierre Passerat avance un argument écologique: l’économie de CO2. «Cette transformation n’a de sens que si la collecte se fait dans un rayon de 400 kilomètres». A l’intérieur de ce rayon, qui couvre d’ailleurs une grande partie de la Suisse et aussi la France voisine jusqu’à Lyon, il est possible d’économiser 2 kilos de CO2 par litre de biodiesel utilisé. Car un litre de diesel habituel émet trois kilos de CO2, tandis qu’un litre de biocarburant transformé à partir d’huile de friture usagée n’émet qu’un seul kilo de CO2. Pour cela il faut qu’il soit fabriqué dans de bonnes conditions, comme c’est le cas chez Leman Bio Energie à Etoy.

Standardisé
Le manque de notoriété pour ce carburant vient du fait qu’il est encore assez nouveau. «En ce moment, le biodiesel est complètement standardisé. On ne voit plus la différence avec un carburant normal». Et il ne sent pas non plus l’huile de friture. On l’ignore souvent, mais le diesel acheté à la pompe à essence contient déjà 7% de biodiesel. Les plus gros consommateurs restent les camions. Les 160 camions de Transvoirie, autre filiale d’Helvetia Environnement, utilisent du biodiesel. Pour cela, leur moteur a été configuré spécialement. On utilise alors dans des proportions allant de 100% à 30% de biodiesel mélangé avec le carburant habituel.
«Nous projetons de lancer un label. Ainsi, le restaurateur pourra annoncer qu’il convertit son huile de friture dans la région. Et que celui-ci est utilisé proche de chez lui, contribuant ainsi à diminuer fortement les émissions carbone».
Le marché principal de Leman Bio Energie, ce sont les transports en commun, les poids lourds et les engins de chantier. De grandes firmes comme Migros et Coop utilisent déjà ce produit.

Pascal Claivaz