Propriétaire avec son mari Bernard Lonati, du restaurant Ma Colombière, à Lully, Chantal Lonati multiplie les activités gastronomiques et s’investit pour la Semaine du goût en tant que présidente du comité genevois depuis 2010.
Chantal Lonati vient clairement de la région et promouvoir le terroir local dans son restaurant de Lully tombait presque comme une évidence, elle qui a vécu en Haute-Savoie, dans l’Ain et depuis plus de 30 ans dans le canton de Genève. «J’ai de la peine à m’arrêter à la douane», rigole-t-elle. De fait, les barrières, elle sait les contourner de belle façon. Chantal Lonati reprit un temps des études afin de décrocher une licence en latin. «J’ai vite compris que ma place n’était plus sur les bancs de l’université, avec des jeunes de 20 ans.» Ainsi, attirée par le monde du vin et de la gastronomie, elle se dirigea vers l’Ecole hôtelière de Genève.
A la fin de son cursus, elle reprit au début des années 1980, un restaurant à l’abandon, La Colombière, avec Bernard Lonati, diplômé de psychologie. «En plus de notre carte, on a commencé par faire un plat à nous, tous les soirs.» Les rôles étaient définis de cette façon: elle serait aux fourneaux et lui, en salle. L’année 1987 fut marquée de deux pierres blanches, un second mariage, avec Bernard Lonati, et une nouvelle configuration. «Quand notre maître d’hôtel est parti, mon mari et moi avons échangé nos rôles». L’idée bien inspirée fut couronnée en 1995 d’une étoile dans le guide Michelin. «Les Savoyards disent «aller manger des steaks» pour dire «faire la fête». Mon mari a pris l’expression au mot et m’a emmenée au Gallagher’s Steakhouse, à New York».
S’en suivit une période faste qui voit les clients affluer. Le succès croissant mena Bernard Lonati au burn-out, en 2007. «Nous avons décidé alors de ralentir la cadence et de nous concentrer sur ce qui nous importait vraiment, raconte Chantal Lonati. Il y avait une telle dépense énergétique à gérer le personnel qu’il nous fallait nous économiser». C’est ainsi que d’un restaurant traditionnel, avec 15 collaborateurs, La Colombière est passée à «Ma Colombière, votre restaurant privé», dont l’objectif est de faire en sorte que les clients se sentent chez eux. «Nous faisons ce que l’on ferait chez nous pour des amis», dit-elle fièrement. Le travail à deux est un choix de vie.
Impliquée depuis quatre ans dans la Semaine du goût, Chantal Lonati cherche à faire bouger les choses. «En général, a-t-elle constaté, les gens préfèrent regarder, plutôt que de se mettre en avant, au risque de se tromper, mais on a des surprises. Il se passe souvent des choses extraordinaires!»
Adepte de tai-chi et de marche norvégienne, pour se ménager, elle pratique la peinture sur porcelaine depuis dix ans. «Il m’arrive d’utiliser mes productions au restaurant», s’amuse-t-elle. Quant à la suite, tout est ouvert. «A mon âge, on ne fait plus de plan de carrière, c’est un sentiment étrange parce que l’on n’est pas à raisonner de cette façon, sans pression». La reconversion, quand elle aura lieu, restera conviviale et gourmande. Chantal Lonati connaît la recette de son bonheur.
Benjamin Philippe
Photo: Chantal Lonati organise des tables d’hôtes et s’implique dans la promotion du terroir. / © DR