L’UDC est à l’origine de l’initiative pour une traversée de la rade, pourtant, la mobilité n’est d’ordinaire pas le sujet de prédilection de votre parti, pourquoi vous emparer de cette problématique?
La mobilité n’est pas une question de parti mais un véritable enjeu, tout autant pour Genève qu’au plan national, je vous rappelle que le programme de l’UDC contient tout un chapitre consacré à la politique des transports et que nous nous prononçons notamment pour la garantie du libre choix du moyen de transport. Il est du devoir d’un responsable politique d’être une force de proposition et d’avoir des projets pour son canton. Il est clair aujourd’hui que la traversée du Lac ne se fera pas avant une bonne cinquantaine d’années puisqu’elle n’a pas obtenu de statut prioritaire. Plutôt que de faire des plans sur la comète et espérer que cette situation change, comme à notre habitude, nous préférons agir et proposer des solutions.
Les opposants à votre proposition avancent l’argument que la réalisation d’un tunnel serait impossible puisqu’il traverserait la nappe phréatique.
C’est avant tout un argument éminemment politique, les techniques actuelles sont parfaitement en mesure d’apporter les solutions pour protéger la nappe phréatique. La meilleure preuve, c’est que pour la réalisation du CEVA qui posait le même type de problème, personne n’a mis en cause la faisabilité du projet et les réponses ont été apportées sans créer de polémiques. La technologie utilisée pour protéger la nappe phréatique sera la même pour le percement du tunnel que celle utilisée pour le chantier du CEVA.
Le PLR et le PDC s’apprêtent à lancer à leur tour une initiative pour la traversée du Lac et non pas de la rade, Quelle est votre réaction?
Mon parti a toujours été pour la traversée du Lac. C’est d’ailleurs le seul parti qui a soutenu cela à Berne en 2013.En revanche, la traversée du Lac est un projet fédéral. Lancer une initiative cantonale sur un projet fédéral n’a pas grand intérêt car même si les genevois devaient se prononcer en sa faveur, les chambres n’auront aucune obligation de suivre les genevois.
Le seul vote des genevois qui aura «force obligatoire» est un vote sur la traversée de la rade qui est un projet cantonal.
Vous êtes depuis toujours opposée à l’augmentation des impôts, comment pensez-vous financer un tel investissement?
C’est parfaitement juste, nous sommes résolument contre l’augmentation des impôts et plus encore pour financer des budgets déficitaires. C’est précisément pourquoi nous réclamons que l’argent de la route aille à la route. Nous avons d’ores et déjà déposé un projet de loi qui prévoit que le produit de la taxe auto, 100 millions par an, soit affecté uniquement au développement routier, ce qui n’est de loin pas le cas aujourd’hui. C’est une fois de plus un point qui figure dans notre programme de parti 2011 – 2015, nous réclamons la fin du subventionnement transversal du rail avec l’argent de la route. Le financement de la traversée de la rade serait ainsi assuré en moins de dix ans puisque nous contestons le budget avancé par l’Etat et que nous nous référons à l’étude commandée par Le Touring Club Suisse qui l’estime aux alentours de 700 millions contre plus d’un milliard selon l’Etat. Quoiqu’il en soit, il est au moins un point sur lequel tout le monde s’accorde, la population de la région ne fera qu’augmenter pour atteindre vraisemblablement les 900 000 habitants à l’horizon 2020. C’est donc bien dès aujourd’hui que nous devons trouver les solutions pour que demain, Genève reste une ville où il fait bon vivre.
Propos recueillis par Frédéric Finot