Depuis 2011, Christophe Courtois gère en fermier indépendant le domaine agricole familial de Chavannes-des-Bois, à la limite du canton de Genève. Ce trentenaire, père de famille, se donne sans compter, dans la lignée des trois générations qui l’ont précédé.
Christophe Courtois aura mis du temps à endosser le costume qui lui tendait les bras. En faisant des études de commerce puis en séjournant en Angleterre pour améliorer son anglais, il pensait tourner le dos aux cultures maraîchères, fruitières, voire céréalières, à gérer toute l’année. Pourtant, poussé par l’envie d’être actif et de travailler au grand air, le jeune homme, très grand et chaleureux, sera revenu épauler son père en 2007. Christophe Courtois se souvient. «Les journées étaient longues au bureau, alors que le domaine familial marchait fort». Aujourd’hui, c’est la vocation qui l’anime. Son besoin d’indépendance et son goût pour l’agriculture l’ont en effet rattrapé. «J’aime avoir le sentiment de maîtriser les choses et d’avoir la capacité de décider seul. Je suis simplement tenu d’écouter les consommateurs», explique-t-il.
Alors que son père Michel fourmille d’idées pour développer le domaine alors qu’il est à deux ans de la retraite, Christophe Courtois préfère prendre le temps de réfléchir. «C’est sûr qu’au début, on a envie de se différencier, mais aux côtés d’une telle personnalité, on ne peut qu’être à l’écoute», dit-il, reconnaissant à son père de lui avoir toujours laissé les coudées franches. Conscient aussi que l’apprentissage est long et qu’il faut bien dix ans pour devenir fermier. Des idées, il n’en manque pas non plus. Le magasin sera transféré dans un hangar pour libérer l’ancienne écurie. Réaménagé, le bâtiment historique pourrait, dans quelques années, accueillir quelques locataires.
Avec 55 hectares de surface agricole utile, Christophe Courtois dispose aujourd’hui d’un vaste territoire pour laisser libre cours à sa soif d’innovation. De par le passé, betteraves à sucre, graines de lin et graines de trèfle ont rejoint les étals. «Au printemps, nous essayerons le sarrasin et les pois chiche», se réjouit-il. Peut-être auront-ils le même succès que les courges ou les lentilles de Sauverny, produites depuis 19 ans. Les produits de niche, tels que les groseilles et les raisinets, alimentent un magasin qui propose jusqu’à 70% de produits du domaine. Les framboises sont plébiscitées par les clients, mais aussi par Sarah, son épouse, et leurs enfants Manon et Arnaud. «Pour la boulangerie, les vins et les produits carnés, nous travaillons avec une cinquantaine de producteurs de la région, en fonction de la saison».
Les parents de Christophe Courtois et sa sœur participent au développement de la ferme, qui emploie deux vendeuses et une aide, tous les samedis. Le domaine fait figure de modèle à suivre. Depuis 2003, il a pour particularité d’être alimenté en électricité par 170m2 de panneaux solaires. En cette année internationale de l’agriculture familiale, la famille Courtois est, elle-même, érigée en exemple par l’Union suisse des paysans (USP). Elle a été désignée pour être la famille genevoise du projet de l’USP «Mon paysan. Ma paysanne». Ainsi, Christophe Courtois donne de ses nouvelles sur Facebook pendant un an. Avec lui, l’agriculture n’a jamais été aussi moderne.
Benjamin Philippe