Si la mode est plutôt au terroir local et aux divins crus helvétiques, force est de constater que les grands vins du monde n’ont pas déserté les plus belles tables de notre pays. En témoigne l’intérêt des châteaux bordelais à venir présenter leurs flacons chez nous. Le 10 septembre dernier, Château Lagrange, qui commercialise 6% de sa production en Suisse, a choisi de s’allier au chef Olivier Jean pour sublimer ses plus fins nectars en les mariant à sa cuisine de haut vol. La dizaine de journalistes présents n’a pas boudé son plaisir en savourant chaque bouchée du restaurant doublement étoilé, tout en buvant les paroles de Matthieu Bordes, directeur général et œnologue passionné du domaine.
En ouverture de ce repas d’exception, un bar de ligne en fines tranches marinées aux agrumes, auréolé d’une quenelle de caviar impérial et d’une nage de melon aux herbettes, donne la réplique à un cru blanc époustouflant de fraîcheur, le dénommé Arums de Lagrange. Une alliance subtile et gourmande de Sauvignon Blanc, Sauvignon Gris et Sémillon.
La suite du menu, entre artichaut poivrade et Gruyère AOP, filet de bœuf suisse façon Rossini, prédessert aux accents exotiques et dessert chocolaté, emmène les palais gourmets à la découverte de 6 millésimes du Château Lagrange. Un voyage gustatif reflétant le fabuleux potentiel d’évolution de ce Grand Cru Classé au fil des décennies.
Quatre siècles d’histoire
Fort de quatre siècles d’histoire, le domaine de Château Lagrange est constitué de 118 hectares d’un seul tenant, sans modifications depuis le classement de 1855. Cette maison emblématique de Saint-Julien a été rachetée en 1983 par Keizo Saji, le fils du fondateur de Suntory, la plus ancienne société de fabrication et de distribution de boissons alcoolisées au Japon, propriétaire également du groupe Orangina Schweppes depuis 2009.
Le groupe nippon a tout mis en œuvre pour assurer le développement et la qualité de Lagrange.
Matthieu Bordes et son équipe ont poursuivi la quête d’excellence initiée il y a 40 ans, en poussant plus loin encore la recherche de précision : cuvier parcellaire, vendanges à la cagette, tri optique des grappes…
La situation du domaine en retrait de l’estuaire de la Gironde, sur deux croupes de graves dont l’une au point culminant de l’appellation, offre une grande amplitude thermique favorable au bon développement des tanins. Château Lagrange possède 17 sols et sous-sols différents, conférant au domaine une grande diversité. Les vignes ont en moyenne 40 ans et la plus ancienne a été plantée en 1952.
Manuella Magnin