Entre les photos envoyées à son réseau de connaissances et les e-mails, rédigés comme des sms, les clients n’ont jamais autant manié leur téléphone dans les cafés et les restaurants. Du coup, certains patrons offrent même l’accès au wifi.
Informations, correspondance, rédaction de projets ou même gestion de fortune, les activités sur le web sont démultipliées avec les applications pour téléphones, et toujours possible avec une bonne connexion wifi. Les possibilités sont tellement vastes que, sous nos latitudes, Internet est devenu omniprésent, voire indispensable. Et la nécessité de se connecter au réseau, pour le travail, va de pair avec le besoin psychologique d’être informé. En témoigne le succès des appareils mobiles, type smartphones et autres tablettes. Dans les établissements publics, comme dans la rue ou les transports en commun, les téléphones sont toujours allumés et leur utilisation, pas toujours en phase avec la bienséance. Entre les clients qui travaillent, ceux qui se divertissent et ceux qui abusent, le cafetier-restaurateur a parfois du mal à définir une ligne claire: le wifi privé doit-il être en libre-accès ou bien doit-il être verrouillé? Sachant que le nombre d’utilisateurs d’un réseau sans fil n’a aucune incidence sur le montant d’un abonnement à un fournisseur d’accès, le facteur économique s’avère moins important que la politique du patron. Internet est parfois comparé à l’électricité, pour le confort et les possibilités qu’il a apportés. Le coût, variant sérieusement d’un fournisseur à l’autre – le service de Sunrise «Internet everywhere Basic 2» coûte 30 francs, celui d’Orange DSL, 54 francs – devrait éventuellement être intégré aux charges et le service offert, comme le pain et la carafe d’eau traditionnels.
A chacun sa pratique
A Genève, le restaurant Le Baroque, situé à la rue du Rhône, met son réseau local à la disposition de sa clientèle. Les clients ont juste à demander le code au serveur pour s’en servir. Dans un contexte d’affaires, la possibilité de se connecter, pendant une pause-café sinon après le travail, semble être une évidence, quel que soit le plat commandé. Dans un contexte plus rural, l’hôtel Le Griffon, à Versoix, pratique la même politique. Au Café de la frontière, à Asnière, le code est affiché la clientèle est toute autre, elle est davantage constituée de seniors que de jeunes, des clients qui ne sont pas toujours au point avec la technologie. «Ils sont tout contents d’être aidés», déclare Marc Salangros, le gérant «Les gens viennent aussi pour le wifi gratuit, l’argument est attractif».
Le son de cloche est différent au Sablier, un bar estudiantin face à l’Uni Mail. Eduardo Rebetez, le gérant, a pour sa part décidé de fermer l’accès. «Mes clients sont des étudiants qui viennent faire une pause, et non pour étudier». Pour le jeune homme, l’endroit ne se prête pas au calme, mais surtout la clientèle n’est pas demandeuse, étant déjà équipée.
Au-delà du coût du service, au-delà de l’humeur du patron, reste l’attitude des clients et les conséquences que peuvent avoir une photo ou un commentaire sur un établissement. Priver les uns de wifi n’empêche pas les utilisateurs de smartphone de communiquer en ligne leurs expériences.
Ernest Ghislain
Photo: Les clients du Café de la Frontière apprécient aussi son wifi gratuit. / © DR