Si les restaurants proposent souvent un assortiment de base assez sobre en thés, tisanes et infusions, certains lieux branchés en ont fait leur carte maîtresse lors de l’essor des thés aromatisés, il y a une bonne vingtaine d’années. Alors, la tendance est-elle devenue désuète? A-t-elle réussi à se réinventer, et dans l’affirmative, comment?
Saveurs exotiques
La fleur d’oranger ou le jasmin pour une touche orientale, ou encore l’ylang-ylang, odeur entêtante souvent étiquetée «douche des îles», apportent un air de vacances à ceux pour qui les instants de repos ne sont pas légion tout comme aux doux rêveurs en quête de nouveaux horizons. Les pétales d’hibiscus se consomment tels quels pour une boisson désaltérante aux couleurs estivales et à la délicieuse saveur acidulée.
Côté jardin
Plus local et commun, il y a tout autant de choix pour qui veut créer des mélanges de thés maison. Les plus classiques comme la violette, la mauve ou la valériane, restent des valeurs sûres qui donneront à votre carte des thés une attachante touche traditionnelle, voire rustique. Le sureau, subtil et rafraîchissant, est très apprécié de la culture alémanique sous forme de sirop ou de gelée. Il fait également son retour du côté de la Suisse romande.
Les fleurs des principales variétés de plantes aromatiques, comme le thym, la marjolaine ou le romarin, sont aussi élégantes que parfumées. Elles sont à utiliser avec parcimonie, puisque leur goût est souvent plus prononcé que celui de leurs feuilles ou épines.
Comme le veut la formule standardisée d’avertissement, les plantes comprennent des risques d’allergie… Et certaines plantes sont toxiques comme le muguet, pourtant proposées à la vente sous forme de succédané chimique inoffensif – pour moi, elles sont à proscrire par principe de précaution. Qu’il s’agisse de pétales séchés (roses, tagètes, soucis etc.) ou d’extrémités florales entières (pâquerettes, capucines, mimosa, camomille…), les fleurs se conservent de la même manière que les herbes aromatiques. Alors pourquoi s’en priver?
Subtile différenciation
Les cafés branchés ont compris que les boissons au verre «maison» sont non seulement lucratives, mais qu’elles ont la faculté de fidéliser les consommateurs. Comment résister à une délicieuse boisson que votre hôte aura confectionnée avec autant de soin dans la recherche des combinaisons les plus inédites? Avec ou sans thé, finalement, ce n’est pas très important! Mais puisque c’est tout de même le sujet principal, je vous suggère mon favori qui est le bleuet, dont les pétales confèrent une personnalité magique à tout thé noir fumé…
Si les thés en séries émanant de l’industrie, même enfouis dans de jolis sachets coniques (en matière synthétique), ne dupent personne, il y a des producteurs de thés qui ont opté pour la durabilité. Sachets en coton durable, ou solutions en vrac avec diffuseurs en acier inoxydable bien plus durables pour les affaires des cafetiers. La nouvelle manière de boire le thé, vue comme un moment pour soi, pour ne pas dire un «instant-thé», est bien ancrée dans la gastronomie en Europe. Et le fait de se donner la permission de prendre du temps pour soi est à la fois si indispensable et si nouveau (à l’ère du tout-tout-de-suite et du boulot-dispo-24/7), qu’il n’est pas prêt de se démoder.

Les fleurs offrent une panoplie de saveurs qui apporteront une touche d’originalité à votre carte des thés, à consommer chauds ou froids.
Née dans les années 90 avec les tisanes et thés aromatisés, la tendance des thés fleuris n’a pas fini de séduire les amateurs de voyages visuels, gustatifs et olfactifs.
Pamela Chiuppi
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