Anouck Marmy, à la veille de la 3e édition de CaReHo, diriez-vous que ce salon professionnel a su détrôner Gastronomia et le Sirha ?
A.M. : On y travaille d’arrache-pied. La première édition a eu lieu en 2018 avant le covid. Elle a attiré 3000 visiteurs. Nous l’avons mise sur pied extrêmement rapidement, en quelques mois, à l’annonce de la disparition de Gastronomia, prononcée dans le courant de l’hiver 2017-2018, et de celle du Sirha Genève qui a suivi. Cette première édition s’est tenue de façon très confidentielle au sein du salon Epicuria qui regroupait un marché des terroirs et artisans, destiné au grand public, et une partie pour les professionnels avec comme attraction phare le Grand Prix Joseph Favre, imaginé par feu Benoît Violier, et repris par Franck Giovannini. C’était une première édition en forme de prémisses d’un nouveau rendez-vous bisannuel, destiné exclusivement aux professionnels, que l’on avait envie d’instaurer à Martigny.
Quid de l’édition de 2022 ?
A.M. : Le covid est passé par là. Nous n’avons pas pu faire la deuxième édition en 2020 et nous avons abordé l’édition de 2022 comme une deuxième première. Nous avons eu beaucoup de travail pour faire connaître ce salon. Malgré l’énergie que nous y avons mis, cette deuxième première n’a pas pris l’ampleur que nous aurions souhaitée avec 4000 visiteurs. Nous n’avons malheureusement pas pu accueillir le Grand Prix Joseph Favre qui attire les foules et beaucoup de professionnels du métier. En raison de la pandémie, ce concours culinaire s’est tenu à l’École professionnelle de Montreux. Nous sommes actuellement en discussion pour reconduire ce concours lors de CaReHo 2026. Ce serait un vrai plus. Hormis le public, ce concours fait venir des professionnels de la branche qui y voient l’assurance de retrouver leurs pairs.
Combien de visiteurs espérez-vous attirer cette année ?
A.M. : Notre objectif est plus qualitatif que quantitatif. Nous tablons cette année sur 6000 visiteurs environ. Cela peut paraître peu, mais nous n’avons pas l’offre du Sirha, d’Igeho ou de la Zagg. Notre souhait est que la profession s’y retrouve. Nous comptons sur l’envie des professionnels du secteur d’échanger entre eux, au-delà des nouveautés à découvrir. On souhaite qu’ils trouvent leur compte chez nous. Cette année est un peu une année test.
Quelles perspectives pour les exposants ?
A.M. : Nous comptons une centaine d’exposants et pas mal d’exposants potentiels qui vont venir visiter le salon en vue d’une éventuelle participation future. L’objectif de nos exposants n’est pas forcément de vendre à tout prix, mais de rentrer dans leurs frais. Pour eux, c’est un investissement marketing et relationnel pour prendre le pouls du marché. Par ailleurs, nous pratiquons une politique de prix très attractive. À titre d’exemple, un petit artisan peut disposer d’un stand de 6 m2 au tarif de CHF 590.- + TVA pour les trois jours. Un 9 m2 clés en main est à CHF 2800.- +TVA. Les surfaces libres au sol sont à CHF 140.- le m2. Ces tarifs sont deux fois plus avantageux que ceux pratiqués par les grands rendez-vous d’outre-Sarine.
Quels types de produits pourra-t-on découvrir à CaReHo ?
A.M. : Nos exposants, qu’ils soient régionaux ou nationaux, sont actifs dans l’alimentaire, les équipements, les solutions informatiques, les arts de la table, l’hygiène et l’IT.
Quelles sont les nouvelles tendances qui se dessinent dans le secteur ?
A.M. : La digitalisation revient beaucoup et aussi pas mal de questionnements par rapport à l’intelligence artificielle, sur ce qu’on peut en faire et comment elle peut aider les métiers de l’hôtellerie-restauration. Il y a aussi une tendance émergente qui est l’arrivée en Suisse de concepts de restauration sous forme de chaînes qui s’implantent chez nous, comme Beef’Ør qui a ouvert à Lausanne, à Sion et envisage de s’implanter à l’étranger, ou encore l’enseigne Gueuleton qui a ouvert à Genève et sera bientôt présente à Crans-Montana. Une autre thématique qui revient beaucoup est celle des ressources en personnel, avec la question du salaire et des horaires.
Quels sont les points forts de cette nouvelle édition ?
A.M. : En termes de programme, nous proposons un nouveau secteur, que nous appelons Le Marché. C’est un marché des terroirs en collaboration avec Cuisinons notre région et Fourchette verte Valais qui met en avant des petits producteurs régionaux. On a également une place centrale qui va accueillir des ateliers. Elle est équipée de 3 cuisines de démonstration avec un zoom sur les métiers du service et des arts de la table avec l’association suisse des maîtres d’hôtel.
Il y aura aussi différentes présentations autour des nouvelles technologies et des solutions d’affichage. Cette place centrale sera aussi le théâtre de plusieurs rassemblements de professionnels, avec notamment une rencontre de quasiment toutes les faîtières romandes de la branche qui invitent leurs membres de manière simultanée pour venir échanger le lundi après-midi. Cette grande rencontre intercantonale permettra notamment d’aborder la thématique des difficultés auxquelles font face les cafés-restaurants de villages afin de dessiner des modèles susceptibles de les faire perdurer. La restauration de collectivités valaisanne sera présente le mardi pour son rendez-vous annuel, à l’initiative de Fourchette verte Valais avec, comme point d’orgue, des démonstrations et un spectacle de Philippe Ligron.
Propos recueillis par Manuella Magnin
PHOTOS : © FVS Group