D’un bout à l’autre de la Suisse romande, vigneronnes et vignerons ont un peu le moral en berne. Le millésime 2024 leur a donné des sueurs froides. Selon les chiffres dévoilés par l’Office fédéral de l’agriculture en février dernier, la production n’atteint que 75 millions de litres alors que lors des dix dernières années elle s’élevait en moyenne à 92 millions de litres. Le millésime 2024 est, après 2021, la deuxième plus faible des 50 dernières années.
La Suisse romande a enregistré une chute de 23,8% par rapport à 2023, avec un total de 60,6 millions de litres. La Suisse alémanique a subi une perte encore plus importante, de 36,9%, pour un volume de 10,4 millions de litres. Enfin, la Suisse italienne a connu une baisse moins marquée de 15,6%, totalisant 4,2 millions de litres.
Un travail titanesque
Les conditions météorologiques de 2024 ont rendu le travail des viticulteurs particulièrement difficile. Les épisodes de gel printanier et une floraison sous des conditions fraîches et humides ont causé des dégâts irréversibles au rendement. Le printemps et l’été ont été caractérisés par des conditions humides, propices au développement du mildiou dans les différentes zones viticoles suisses. Les vendanges ont également été marquées par de longues périodes de pluie et de fraîcheur.
Pour les producteurs bio, la météo pluvieuse a engendré de nombreux traitements supplémentaires, donc de la main-d’œuvre en plus pour une récolte moindre. Certains, notamment dans le Mandement genevois, ont quasi tout perdu, terrassés par le gel.
Des crus tout en fraîcheur et légèreté
S’il est trop tôt pour juger ce millésime qui sera prochainement mis en bouteille, les vignerons qui ont bien travaillé à la vigne comme à la cave devraient toutefois tirer leur épingle du jeu, même s’ils auront bien moins de vins à commercialiser. Avec des raisins moins riches en alcool, des arômes de fruits frais et de belles acidités, les blancs et les rosés s’annoncent séducteurs.
Quant aux rouges, ils seront évidemment moins concentrés et beaucoup plus légers qu’en 2022 et 2023. Donc à boire plus rapidement sans songer à les faire vieillir plusieurs années en cave.
Manuella Magnin