Felizitas Mathier Benicchio

Née à Salquenen, dans le Haut-Valais, Felizitas Mathier Benicchio a été la première caviste diplômée de Wädenswil, dans le canton de Zurich. Elle est récemment devenue membre de l’association féminine Artisanes de la vigne, et du vin présente au salon Arvinis de Morges.

«A l’époque, en Valais, tout le monde avait quelques vignes, explique Felizitas Mathier Benicchio, mais il était difficile d’étendre ses terres». Franz-Josef Mathier, son grand-père, cultivait donc un hectare de vignes, non loin de chez elle. Pour s’assurer une production conséquente, il complétait avec du raisin de la région. Felizitas Mathier Benicchio passait ses vacances d’été à la cave pour aider. «Ce n’était pas toujours un plaisir en tant qu’enfant», s’amuse-t-elle aujourd’hui. Elle contribuait ainsi à la mise en bouteille ou au collage des étiquettes. «C’était quand même sympa d’être avec les cousins». Fondée en 1950, l’entreprise viticole «Franz-Josef Mathier», devenue société anonyme en 1974, s’est transmise de père en fils, puis de père en fille. Felizitas Mathier Benicchio en a pris les commandes en 2006. «Pour moi, c’était clair que je ne travaillerai pas dans un bureau», se souvient-elle. Une première année d’apprentissage effectuée en 1988 «à domicile», auprès de son grand-père et de son père, André Mathier, a précédé l’acquisition de connaissances encore plus pointues d’abord à Aigle, puis à la station fédérale de recherches en arboriculture, viticulture et horticulture de Wädenswil, dans le canton de Zurich. 

Une première à Arvinis
Elle a ensuite enchaîné avec deux années d’études supplémentaires pour devenir caviste. En cela, elle fut une pionnière, jamais une femme n’avait suivi ce cursus auparavant. «Maintenant, cela paraît normal, mais il y avait eu quelques discussions avant mon admission». Reprendre le domaine familial ne fut toutefois pas si évident; la question s’est posée à elle en se mariant. Son époux Andrea Benicchio, Tessinois d’origine, avait également l’opportunité de cultiver des terres familiales du côté de Lugano. L’attrait du Valais a fini par être plus fort. Le domaine compte aujourd’hui quatre hectares, entretenus par son mari, ingénieur horticulteur. Cette année marque l’entrée de Felizitas Mathier Benicchio dans l’association les Artisanes de la vigne, présidée par la Vaudoise d’adoption Coraline de Wurstemberger, directrice du domaine Les Dames de Hautecour, à Mont-sur-Rolle. «Ca faisait des années que je souhaitais rejoindre l’association, dit Felizitas Mathier Benicchio, ravie, mais une clause m’en empêchait». A l’origine, il fallait en effet intégralement gérer ses vignes soi-même, sans aide masculine. Ce n’est plus le cas. «Je suis curieuse de voir comment se passera Arvinis, c’est ma première fois au salon» avoue-t-elle. La semaine sera dynamique, à l’image de cette mère de deux enfants, Verena, 12 ans et demi, et Simona, 10 ans. 

Benjamin Philippe