Fribourg: une drôle d’année de transition

Quand de gros dossiers viennent meubler une année déjà chargée, on se prend à rêver de millésimes moins mouvementés. Mais souvent, cela ne demeure qu’un songe. Après les grands chantiers de 2016, marqués par l’adoption d’une législation destinée à encadrer l’activité des food trucks, on pouvait espérer que 2017 serait une année de transition où la routine prendrait le pas sur les événements marquants.

Mais il n’en a rien été. Durant le premier semestre de l’année 2017, notre branche a été éclaboussée par l’interprétation pour le moins douteuse d’un rapport officiel – celui du Service de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires du canton de Fribourg – qui pouvait laisser croire que les restaurateurs fribourgeois étaient peu respectueux des normes d’hygiène. Cette approche pour le moins caricaturale a nécessité de notre part une vigoureuse mise au point qui a permis de remettre l’église au milieu du village. 

La complexité de la législation en matière d’hygiène ne facilite guère la tâche des professionnels auxquels nous venons en aide via une information permanente et l’organisation de cours spécifiques. La réalité, c’est que l’immense majorité d’entre eux consent d’importants efforts pour se conformer à cette législation qui peut parfois se transformer en véritable casse-tête. Et comme si les conditions cadres dans lesquelles nous évoluons n’étaient pas déjà suffisamment contraignantes, ne voilà-t-il pas qu’est venue s’ajouter à l’échelle nationale, comme un cheveu sur la soupe, la motion parlementaire Aebischer demandant de décréter une interdiction d’importer des produits d’animaux ayant subi de mauvais traitements. 

Derrière cette motion aux idéaux apparemment nobles se dissimule l’intention d’éjecter de nos cartes un certain nombre de produits comme le foie gras ou encore les cuisses de grenouilles. Et ce n’est là qu’un début. Si le Conseil national a approuvé la motion Aebischer, le Conseil des Etats devrait – c’est ce que recommande la Commission – la rejeter. Mais ce qu’il faut retenir de cette péripétie, c’est que d’aucuns cherchent sans relâche à durcir nos conditions cadres quitte à nous imposer un corset qui réduirait encore notre marge de manœuvre, déjà bien mince en ces temps de morosité économique. La polémique sur les terrasses non fumeurs que certains appellent de leur vœux est une autre preuve de l’acharnement dont fait l’objet notre profession, trop souvent montrée du doigt et ce bien injustement. 

Mon vœu le plus cher pour 2018 est bien sûr que l’on revienne à plus de raison et qu’on laisse travailler les chefs d’entreprise de la restauration, plutôt que de freiner maladroitement leur dynamisme. Cette situation nous permet au moins de savoir pourquoi nous nous battons et j’espère que tous mes collègues trouveront la force de le faire!
Muriel Hauser
Présidente de GastroFribourg