Le 14 février 2008, en présence de nombreux médias et du Conseil communal au grand complet, la ville s’est auto-proclamée officiellement « Capitale mondiale de la St Valentin ». Depuis, la petite cité horlogère se pare chaque année aux couleurs de l’amour, dans un déluge de petits cœurs rouges. Une agape collective à laquelle s’associent plusieurs restaurateurs en proposant des menus « caressants ».
«J’ignore si la Saint-Valentin nous amène du monde. Ce qui est sûr en revanche, c’est que ça fait beaucoup parler de nous », constate avec un sourire amusé Bernard Vaucher, chargé de promotion de la « Mère commune », avant d’ajouter : « Au début, ce n’était qu’une boutade pour provoquer ceux qui disaient du mal de notre ville. Mais au fil du temps, notre statut de capitale de la Saint-Valentin s’est bien établi. Cette année, une trentaine de commerces vont décorer leurs vitrines et plusieurs établissements nous ont annoncé des soirées spéciales. Quant à l’Hôtel de Ville, il sera illuminé en rose ».
Des menus imaginatifs
Parmi les restaurants les plus fidèles à la fête des amoureux, depuis 12 ans, figure notamment La Croisette, un des plus appréciés de la région à en croire les avis distillés par sa clientèle sur les réseaux sociaux spécialisés. Récemment rénové, l’intérieur de l’établissement offre un décor à la fois sobre et élégant. « La Saint Valentin est une bonne chose pour la visibilité de notre ville », constate son patron, François Berner, qui souligne qu’il « joue le jeu » chaque année par « solidarité », bien que l’opération ne présente pas forcément une grande rentabilité.
Lors de son « Dîner aux chandelles » spécial du 14 février prochain, les couples pourront notamment déguster en amoureux un « Élixir d’amour et sa passion » (Tartare de saumon à la mandarine), une « Rose rouge… Si de la main tu me caresses, je te ferais aimer » (Raviolis farcis et crème de Mt d’Or), ainsi qu’un « Envoûtement sous ton charme… » (Filet de bœuf façon Rossini, Sauce au porto millésimé). « Il faut forcément être très imaginatif pour une table de la Saint-Valentin », relève avec sérieux François Berner.
Située au centre-ville, la très fréquentée Brasserie de l’Ancienne Poste avait fait salle comble, l’année dernière pour sa soirée de la Saint Valentin. « Cela fait quatre ans maintenant que nous participons à la fête des amoureux. Et ça se passe toujours magnifiquement bien », assure son patron, Claudio Rustico, avec un large sourire. « Mais cette année, le 14 février tombe un vendredi, jour de très grande affluence. C’est pourquoi nous allons innover avec une soirée tapas intitulée “Sans Valentin”. Ce qui est bien évidemment une façon d’y participer ».
Les Boules d’amour du Locle
Côté douceurs gustatives, il y a quelques années, la « Capitale mondiale de la Saint-Valentin » a lancé une gourmandise sucrée pour affermir sa réputation de ville de l’amour : « les Boules d’Amour du Locle ». Cette friandise exclusive et artisanale qui, selon le slogan officiel, « caresse le goût et enflamme le cœur » se compose de chocolat blanc ou noir, subtilement fourré à la « Fée verte », couvert d’un sucre rose. Sa formule est jalousement conservée à la boulangerie-confiserie Achini qui, chaque 14 février, mais aussi tout au long de l’année, voit ses petites « boules » roses partir comme des petits pains.
Depuis deux ans, à l’occasion de la Saint-Valentin, un énorme ballon rose lumineux, figurant une « Boule d’Amour » géante, est dressé sur la place de l’Hôtel de Ville. Avec le banc rose des amoureux, situé sur un espace vert non loin de là, il est devenu l’un des symboles de la ville, le temps du bref passage hivernal de celui qui « ranime la flamme dans les cœurs », selon la formule choisie par Le Locle pour désigner le tendre Valentin.
Georges Pop