« J’ai toujours été fasciné par le monde du vin. C’est lorsque j’étais à Bordeaux que j’ai entendu parler de l’école de viticulture de Changins. Je suis aussitôt venu en Suisse pour suivre une formation. J’en suis sorti diplômé en 2006, avant de travailler avec Louis-Philippe Bovard, à Cully, en qualité d’œnologue, puis de m’associer avec Pierre-Luc Leyvraz, à Chexbres. J’ai créé les Dryades en 2023, à Rivaz, en reprenant à mon compte l’exploitation d’une cave dont les propriétaires avaient pris leur retraite », nous a-t-il raconté.
Neuf parcelles qui regardent le lac
Les terres dont il prend soin sont réparties entre les communes de Rivaz, Saint-Saphorin et Puidoux. En tout, neuf parcelles sur 1,8 ha. « C’est beaucoup de travail, beaucoup de responsabilités et, parfois, passablement d’incertitudes. Mais j’en suis heureux, car c’est aussi une grande liberté », confie-t-il avec une force tranquille. Et lorsqu’on lui fait remarquer qu’il n’a pas vraiment l’accent du pays, il répond avec humour : « Ça vient gentiment ! ma femme me surprend parfois à parler avec une pointe d’accent vaudois. »
Dans ses vignes, cet expert en agroécologie a planté des arbres fruitiers et, par endroits, des légumes et d’autres végétaux, pour recréer un système complet de biodiversité, afin d’enrichir les sols et retenir l’humidité ; parfois sous le regard interloqué de certains de ses voisins. « Je veux des abeilles et des insectes plutôt que des pesticides », souligne-t-il. Saint-Saphorin, Dézaley, Viognier, Gamay et Pinot noir, en barrique, ou non, tous d’excellente tenue, figurent, avec d’autres, dans son riche catalogue.

Des restaurateurs conquis
Comment s’est passée la dernière vendange ? « J’en suis très content, aussi bien en quantité qu’en qualité. Elle promet des vins fruités, tout en fraîcheur. » Pour écouler sa production, notre entreprenant vigneron peut compter sur une clientèle fidèle et exigeante. « Je compte quelques bons restaurateurs parmi mes clients. Il faut dire que mes prédécesseurs m’ont bien aidé, en me laissant leur carnet d’adresses », précise-t-il. Parmi les établissements qu’il « arrose » figurent, pour ne citer qu’eux, le restaurant gastronomique l’Appart, à Lausanne, la renommée brasserie La Fleur de Sel, à Cossonay, ou encore le Ritz Carlton à Genève.
André n’est pas long à avouer qu’il a trouvé son bonheur dans ce magnifique coin de pays. Il peut compter sur son épouse Joëlle, enseignante, elle-même fille de vigneron, pour le seconder dans son travail, et sur le sourire de leurs deux petits garçons pour lui donner du cœur au ventre. Ses pairs de la région ont d’ailleurs vite fait de l’adopter : ils l’ont nommé président de la prestigieuse appellation des Vins de Saint-Saphorin. « C’est un gros travail promotionnel, mais ça vaut la peine ! », souligne-t-il avec un large sourire.
Georges Pop