S’il est une activité tributaire des saisons et dont les besoins en main-d’œuvre sont très fluctuants passant du simple au double entre l’hiver et l’été, c’est bien le maraîchage. Cette branche serait donc particulièrement pénalisée par l’adoption d’un salaire minimum.
Comme pour toute activité agricole, les marges nettes de la production maraîchères sont peu élevées et nécessite une importante main-d’œuvre à tel point que le coût des salaires représente de 35 à 55% des frais selon le type de production. Cette mesure, si elle devait être acceptée, entraînerait une hausse très nette des charges qui ne pourraient pas être répercutée sur le prix de vente et mettrait en péril toute la filière. Le déséquilibre entre le prix de revient des légumes importés et ceux produits en Suisse ne ferait d’une part qu’empirer et favoriserait d’autre part le tourisme d’achat. Seuls les travailleurs sans qualification gagnent moins de 4000 francs suisses et cela concerne essentiellement les étrangers bénéficiant d’une autorisation de séjour temporaire, qui retournent chez eux à la fin de la saison. Les conditions salariales, qui sont déjà nettement meilleures en Suisse qu’ailleurs, deviendraient, avec un salaire horaire de 22 francs, excessivement supérieures aux autres pays qui rémunèrent leurs ouvriers moins de 10 euros de l’heure. Alors qu’un bon partenariat social existe avec la communauté de travail des associations professionnelles des employés agricoles (ABLA) et qu’un contrat type de travail (CTT) règle les conditions de travail et les salaires, l’instauration d’un salaire minimum remettrait en cause ces équilibres. L’ensemble de la grille des salaires serait remise en cause, fragilisant ainsi une branche déjà soumise à de très fortes contraintes. Continuer à cultiver durablement des légumes frais de saison reste la première ambition des maraîchers suisses.
Michel Bagard
Photo: Avec un salaire minimum, les marges sur les prix de vente seraient infimes. © SXC.HU