Paul Baumann

Ingénieur-œnologue de formation, Paul Baumann est actuellement directeur de la maison Obrist. Il passera la main au printemps prochain après 34 ans de maison. 

Originaire de Suisse alémanique, Paul Baumann vit par et pour le vin. Sa carrière, chez Obrist à Vevey lui a appris la culture et la mentalité romandes, tellement qu’il aime à dire aujourd’hui qu’il est vaudois. Son accent zurichois en est d’autant plus chaleureux. Poussé par ses parents vers un métier en lien avec la terre, il a suivi des études de caviste, à l’époque où elles englobaient aussi les fruits et leurs jus. «La cave m’a paru plus passionnante. Le produit véhicule une certaine noblesse et d’autres valeurs qui m’attiraient».

L’aventure le pousse à partir en Afrique du Sud, à 24 ans. Sur place, Paul Baumann constate que les vignerons locaux sont en avance techniquement. Il est alors enthousiasmé! Et s’il reconnait que les pays tels que l’Australie et l’Amérique latine sont encore à la pointe, avec les années, son goût a changé. «Avant, j’aimais les vins riches et puissants, comme ceux d’Afrique du Sud, maintenant, je préfère les vins sur le fruit, qui ont de l’élégance». Cet expert avoue même se lasser de ces vins du Nouveau-Monde après deux ou trois verres, en raison, notamment de leur goût parfois doucereux.

En passionné infatigable, Paul Baumann est aussi propriétaire d’un lopin de 1500 m2. Mais pour lui, hors de question de faire concurrence à son employeur: «Il faut avoir une éthique». Du reste, cette terre lui permet  tout juste d’en tirer une petite production personnelle. «Le verre de vin que l’on fait soi-même, n’est pas n’importe quel produit: il a une âme». 
Cet homme de terrain est aussi impliqué dans les instances cantonales et fédérales. Il se réjouit d’avoir lancé le comité mondial du chasselas, un concours parfaitement en phase avec l’esprit actuel. «Et cela va continuer car le regard du public sur ce cépage a complètement changé. Les spécialistes redécouvrent le vieux chasselas».
Des rencontres qu’il a faites durant sa carrière, Paul Baumann a gardé le perfectionnisme de propriétaires bordelais et l’opiniâtreté de Franco Biondi-Santi qui s’est battu pour son terroir et la survie du Brunello di Montalcino Biondi. «Le temps lui a donné raison.» 
Bientôt, une nouvelle histoire débutera, avec sa retraite prochaine, en avril 2014. Les projets de voyages, mis de côté jusqu’à présent, vont pouvoir se concrétiser. «J’aimerais mieux connaître la Suisse, visiter le Portugal ou le sud de l’Espagne». L’Argentine et le Chili sont aussi au programme. Deux pays viticoles, évidemment.

Ernest Ghislain