Vaudois de Bursins, Reynald Parmelin, 47 ans, est vigneron-encaveur du domaine La Capitaine, à Begnins. Pionnier de la biodynamie, il s’est lancé dans l’aventure en 1994 et cultive depuis le succès.
«Chez nous, la viticulture est plus qu’une tradition familiale, c’est un mode de vie», assure Reynald Parmelin. Et pour cause, il est la huitième génération d’une famille de vignerons. «Avec mon frère et ma sœur, nous travaillions parfois avec notre grand-père. Nous y avons tous pris goût, nous sommes tous trois restés dans le domaine du vin». A l’aise aussi bien à la cave qu’à la vigne, heureux de donner un coup de main après l’école, le métier était tout trouvé. «Je ne me suis jamais posé la question sur ce que je ferai après mes études». Son aîné a repris les vignes paternelles et Reynald Parmelin s’est établi non loin. «On se prête les machines quand on en a besoin».
Parti faire des stages en Californie, en 1991, et en Australie et Nouvelle-Zélande, en 1993, il est arrivé par hasard dans des domaines bio locaux, qui l’ont inspiré et l’ont convaincu de défricher la voie. Ce qu’il avait vu chez lui a également eu une influence décisive sur son travail. «Mon père était d’une génération qui recourait aux produits chimiques. Il a fini par en avoir de sérieux problèmes d’estomac».Par ailleurs à l’époque, le tri des déchets n’était pas une évidence dans tous les ménages, «mes parents, eux, y étaient très sensibles». Doté d’un fort esprit d’entrepreneur, il a cherché à relever le défi technique et gustatif que le vin bio représentait à l’époque. «Les gens disaient que ce n’était pas possible à faire ou que la production, irrégulière, ne donnait pas de bons vins. J’ai voulu leur prouver que les vins bio étaient en tout cas aussi bon». Sa première vendange, en 1994, avait été encourageante. «Ma première bouteille de chasselas était un vin jaune, loin d’être le meilleur du monde», se souvient-il. Pour se faire la main, il avait divisé sa parcelle en une partie bio et l’autre non. «En 20 ans, on s’est amélioré avec l’expérience». D’ici la 21e récolte, l’année est ponctuée d’occasions de célébrer l’anniversaire.
Ses deux fils, de 16 et 14 ans, ne se dirigent pas encore vers le travail de la vigne, mais ils perpétuent néanmoins une véritable tradition familiale, le football. Le premier joue les championnats interrégionaux, le second, en sélection cantonale. «Mes enfants sont bien meilleurs que moi à l’époque», dit-il fièrement. «Je jouais également en interrégionaux, mais me suis arrêté à ce stade, malheureusement. J’ai choisi la voie où je savais que j’aurai le plus de succès». Reynald Parmelin a gardé le goût de la compétition. «Quand je fais des concours, je ne m’inscris pas dans la catégorie bio, mais dans la classique».Et les médailles suivent. Le grand projet 2014 est l’agrandissement de sa cuisine pour développer une activité. Des traiteurs et des chefs de la région viendront chez lui pour faire des démonstrations. Une autre façon de partager autour d’une table.
Benjamin Philippe
Photo: Le domaine de la Capitane a réussi le pari de la biodynamie / © DR